Les matières animales
Les matières animales font partie intégrante de la parfumerie
Des senteurs puissantes qui dégagent une odeur de peau, de fourrure, d'odeur corporelle et parfois même de matières fécales. Il est vrai qu'au premier abord, cela ne semble pas très agréable et il est même difficile de les imaginer dans un parfum. Cependant, mélangées à d'autres matières, elles apportent chaleur et sensualité. Et, contrairement à ce que l'on pourrait penser, elles sont utilisées dans de nombreuses formules, car elles permettent de fixer les notes les plus volatiles et peuvent sublimer un parfum.
L'utilisation de notes animales remonte à l'antiquité et a traversé les âges. Aujourd'hui, avec la modernisation des méthodes de fabrication, la plupart de ces matières sont reproduites en laboratoire, en molécule synthétique. (Parfum naturel et parfum de synthèse)
Mais, malheureusement, certains animaux comme la civette ou le castor d'Amérique du Nord sont encore torturés ou tués pour leurs sécrétions.
Quelles sont les notes animales ?
La parfumerie moderne dispose de six matières premières animales, à savoir le musc, l'ambre gris, la civette, le castoréum, la cire d'abeille et l'hyraceum.
- La civette : Petit animal entre le chat et le renard, la civette est originaire d'Afrique et d'Inde. Convoitée pour sa sécrétion glandulaire, elle dégage une odeur puissante, animale et fécale qui est très utilisé en parfumerie pour mettre en valeur les fleurs. Même si l'animal n'est pas tué lors de la récupération de la sécrétion, il est enfermé dans une cage et subit d'horribles souffrances.
- Musc Tonkin : Le musc provient d'une espèce de chevreuil vivant en autre sur les hauts plateaux de l'Himalaya, du Tibet, du Vietnam, du Népal et de la Mongolie. Une glande abdominale située sous la peau du mâle produit une sécrétion liquide qui, pendant la période du rut, se transforme en grains ressemblant à du café. Il faut donc tuer l'animal pour récupérer cet élément.
Aujourd'hui, c'est une espèce en voie de disparition, elle est donc très protégée et des mesures sévères sont appliquées contre les trafiquants et les braconniers qui continuent à tuer l'animal. Son odeur, sensuelle et charnelle, en fait une matière très prisée des parfumeurs. Elle est souvent reproduite en molécule synthétique, il existe plusieurs types de musc synthétique.
- Le Castoréum : C'est une huile très grasse sécrétée par les glandes du castor d'Amérique du Nord pour protéger ses poils du froid et de l'humidité. Son odeur, agressive à l'état pur, devient agréablement douce et chaude une fois le castoréum dilué. Elle rappelle l'odeur du cuir et de la fourrure. Surtout utilisé dans les parfums ambrés et orientaux, le castoréum est de moins en moins utilisé en parfumerie, car son extraction nécessite de tuer l'animal.
- Ambre gris : C'est une concrétion pathologique qui se forme dans l'intestin des cachalots. Les becs de calmar ingérés par le cachalot se heurtent à sa paroi intestinale, provoquant des sécrétions expulsées par voies naturels qui flottent pendant de nombreux mois à la surface de l'eau de mer avant de s'échouer sur le rivage et de durcir. Ce matériel est encore autorisé aujourd'hui, car il est ramassé sur le littoral et n'implique pas de cruauté envers l'animal. Mais avec la disparition des cachalots et la pollution des mers, trouver de l'ambre gris de qualité devient de plus en plus difficile. Aujourd'hui les parfumeurs utilisent des dérivés synthétiques, l'ambrox ou l'ambroxan qui ont des caractéristiques olfactives très proches.
- La cire d'abeille : Nous connaissons tous le goût délicieux du miel fraîchement récolté qui fond dans la bouche et fait vibrer notre odorat gourmand de ses senteurs chaudes et sucrées. La cire d'abeille, produite par ces délicates petites ouvrières, est également une matière première naturelle utilisée en parfumerie. C'est la note animale la plus douce de toutes.
- L'hyraceum : Essence provenant d'un animal, communément appelé "Daman des Rochers", un petit rongeur qui ressemble à une grosse marmotte et qui vit dans des grottes. L'hyraceum est créé à partir des excréments de l'animal, plus précisément de son urine riche en phéromones. Les membres de la colonie vont déposer cette urine toujours au même endroit. Après plusieurs siècles de vieillissement, l'urine se pétrifie. Elle prend alors la forme d'une pierre brun foncé. Aucun mal n'est fait à l'animal. C'est une matière à la puissante odeur animale et cuirée qui n'est pas très utilisée en parfumerie.
Quelles sont les alternatives ?
Il existe deux possibilités pour protéger nos chers amis les animaux: la chimie de synthèse, qui permet aux parfumeurs de recréer ces odeurs animales, et les ingrédients naturels d'origine botanique. En parfumerie botanique, plusieurs plantes, fleurs et épices nous permettent de donner une facette cuirée et animale à nos créations. Je pense notamment à l'ambrette, une plante qui pousse dans les régions équatoriales, en Inde ou en Égypte et dont le fruit contient des graines qui offrent une senteur musquée et peuvent facilement remplacer le Musc Tonkin.
Le cumin, une plante herbacée utilisée depuis plus de 5 000 ans, est une épice un peu différente, car elle apporte des notes animales très sensuelles, souvent comparées à l'odeur de notre sueur.
Le ciste, un petit arbuste aux fleurs blanches ou roses recouvertes d'une pellicule de résine appelée " Labdanum " et très utilisé en parfumerie botanique comme note puissante et animale.
Ou encore le bourgeon de cassis, le bois de bouleau, l'opoponax et je ne les ai pas toutes citées.
Qu'elles soient synthétiques ou naturelles, de belles alternatives s'offrent à tous les parfumeurs. Il suffit de choisir en fonction de ses valeurs et de ses envies. Pour notre part, vous savez que chez Kanopé Fragrances, nous avons un amour profond pour la parfumerie botanique.
Pour nous, aucune matière synthétique ne sera jamais aussi belle que l'odeur naturelle d'une fleur, d'une plante ou de toute autre matière.
Laissons nos amis les animaux vivre en paix et tournons-nous vers les différentes alternatives.
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